Alcool : les jeunes boivent trop, trop tôt !
Particulièrement vulnérables aux effets nocifs de l'alcool, les jeunes boivent pourtant de plus en plus tôt. Avant d'entrer en 6ème, un jeune sur deux a déjà consommé de l'alcool, leur cerveau est pourtant plus fragile car il se développe encore et le risque de dépendance est plus important.
DES CHIFFRES ALARMANTS
Ce sont les résultats de larges enquêtes menées en milieu scolaire qui ont été publiés ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) :
- 59% des Français ont eu une première consommation d'alcool avant leur entrée en 6ème.
- 7% des jeunes qui arrivent au collège ont déjà connu l'ivresse alcoolique.
- 69% des adolescents ont connu l'ivresse alcoolique en terminale.
- 17% des passages aux urgences pour intoxication éthylique aiguë représentent les 15-24 ans.
Deux facteurs sont particulièrement importants en terme de risque d’évolution vers la dépendance : l’âge de début de la consommation d’alcool et l’âge de la première ivresse.
UNE POPULATION À RISQUE
« La dépendance à l’alcool, c’est comme l’anglais, plus on commence tôt, mieux on l’apprend, malheureusement », résume le Dr Patrick Daimé, secrétaire général de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie pour le nouvelobs.com.
Effectivement, le cerveau encore immature des adolescents est beaucoup plus vulnérable qu'un cerveau adulte, aux propriétés de l'alcool et notamment à son caractère toxique et addictif.
Il est aussi bon de rappeler que cette fragilité vaut également pour d'autres substances agissant sur le cerveau comme le tabac ou le cannabis.
L'ADDICTION
Le problème, pour les services de santé, est que tous ne deviendront pas alcooliques mais qu'il faut parvenir à déterminer lesquels développeront un comportement addictif.
« Il n’y a pas de profil type, on a seulement identifié des traits de personnalité, partagés par beaucoup d’adolescents, qui favorisent la dépendance », explique le Dr Patrick Daimé.
Il peut s'agir de la recherche de sensations, du goût pour la prise de risque, de l'impulsivité et de l'influence des pairs. Pour espérer détecter ceux chez qui la consommation d'alcool devient problématique, le médecin doit donc interroger directement l'ados.
L’intérêt de repérer précocement ces adolescents, c’est qu’ils ont rarement atteint le stade de la dépendance physique à l’alcool.
Ce qui est beaucoup plus facile à désamorcer qu’une vraie dépendance physique qui nécessite une longe prise en charge médicale.
LA PRÉVENTION
Pour faire passer des messages de prévention, les spécialistes essayent d'éviter de parler de dépendance, de cancer ou de cirrhose, car les jeunes ne se projettent pas si loin dans leur futur.
Cependant, un risque très immédiat avec l'alcool peut toucher les jeunes, celui de l'accident de la route. 30% des tués sur la route concernent des 15-25 ans, soit plus de deux fois leur proportion dans la population.
« A 17 ans, l’éventualité d’un cancer dans 30 ans, ça ne vous fait ni chaud ni froid, affirme le Dr Daimé.
Mais risquer de blesser le copain ou la petite amie que vous transportez en scooter ou plus tard en voiture, ça, c’est un argument qui a plus de chance de porter ».
L'ARBRE QUI CACHE LA FORÊT
La consommation d'alcool chez les jeunes est en réalité un problème qui en cache un autre : «Les industries de l'alcool ont tout intérêt à ce que l'on zoome sur des sous-populations telles que des jeunes, des femmes enceintes ou des ivrognes, car cela évite de traiter la question fondamentale qui est qu'en France tout le monde boit trop», précise Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave-Roussy pour le figaro.fr.
En effet, la consommation d'alcool en France est de trois verres par adultes et par jour.
C'est le véritable excès selon la spécialiste. Les jeunes ne sont qu'un maillon.
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