MERCI PASCAL
Ce 17 février Trévé a accueilli l'A.G de Loudéac
Après quelques mots d'accueil par le président Christophe Flého et l'adjoint au maire de Trévé qui a confirmé tout l'intérêt porté par la municipalité à notre association Alcool Assistance, nous sommes passés au différents rapports.
Yvette Le Priol et Louise-Anne Le Joly nous ont présenté successivement le rapport moral puis financier du lieu d'accueil de Lamballe . Tous deux ont été adoptés à l'unanimité.
Le thème des interventions était : l'alcool au sein du monde du travail
Ce thème a été développé par les interventions de
-Christophe Flého: l'alcool sur les lieux de travail
-Pascal Cadoux : alcool et prévention en entreprise
-Louise-Anne Le Joly: l'alcool et le monde du travail
Rodolphe Girard nous a livré sa poignante histoire de vie dont vous pouvez lire le texte ci-dessous
Rodolphe, 20 mars 1973, j'ai regardé
dans les livres d'histoire, à cette date il n'y a rien sur moi……..
Quand je regarde les albums photos de
mon enfance tout est normal, une maman, un papa, un peu plus tard une
sœur et un frère, des oncles, des tantes, des cousins et des
cousines...rien à signaler.
Après quelques années à Corlay non
loin d'ici, la région parisienne au gré du travail de mon père
cuisinier dans des collèges et des lycées, Carrière-Sous-Poissy,
Montrouge, Bagneux dans le 92.
En 1981 ma mère décide de quitter mon
père, un peu d'alcool un peu de de violence… décision
certainement difficile à l'époque, ma mère n'a pas d'emploi ni le
permis de conduire, j'ai 8 ans, ma sœur 4 ans et demi et mon frère
9 mois… retour en Bretagne.
Une adolescence sans histoire, les
premiers contacts avec l'alcool vers 17 18 ans pour goûter, les
premières cuites… la fête quoi !
Un service militaire dans la
Gendarmerie, le monde du travail … Le rapport avec l'alcool
est jusque la « NORMAL » des excès bien sur mais bon on
fait la fête : comme tous le monde.
Il y a presque 17 ans je rencontre
Sylvie, on se met très vite en ménage. Le début de cette relation
est peut être compliqué au départ mais elle a son vécu, j'ai le
mien donc on s'arrange, on s'aime…
elle me reproche quand même certains
excès d'alcool, qui deviennent il faut l'avouer de plus en plus
fréquents. MAIS BON ON EST DES BRETONS ? ON BOIT UN COUP !!
le 1er août 2008 je deviens
papa. Albane entre dans notre vie. Mais comment on fait pour être
papa ?? La dernière fois que j'ai vu le mien j'avais 12 ans et
il n'y a jamais vraiment eu de présence masculine dans le foyer, ma
mère n'ayant jamais réellement refait sa vie.
Des questions sans réponse, un travail
qui ne me plaît pas. Et l'alcool devient assez vite un refuge, je
cherche toutes les occasions pour faire la fête. Et puis ça devient
une habitude, je suis seul à la maison le midi l'alcool remplace la
nourriture. Un peu de dépression, de l'alcool. De l'alcool, un peu
de dépression. La boucle est bouclée.
Fin 2010 je me rend compte quand même
qu'il y a un problème, je rentre dans l'unité THEZAC de l’hôpital
de Loudéac pour 3 semaines de soins. Mais dans ma tête est-ce
vraiment clair : DÉPRESSION OU ADDICTION ??
Pendant ces 3 semaines je rencontre Joe
Rebeller qui nous parle d'Alcool Assistance La Croix d'Or, dans cette
association on s'occupe aussi de l'entourage. Avec le recul je me dit
que je suis rentré en soins pour les autres et pas pour moi et c'est
aussi cette raison qui m'a fait pousser la porte de l'association,
pour le soutient que cela pouvait apporter à Sylvie.
3 semaines de soins et 6 mois
d'abstinence et je suis le plus FORT !
Un verre ne peut pas me faire de mal…
A partir de là je vais entamé une longue descente de 2 ans.
Mon travail est toujours aussi
décevant, ma vie m’ennuie. Sylvie ne peut être que spectatrice de
cette descente et Albane est trop petite pour comprendre…
heureusement.
Mes journées sont simples : 2
grammes d'alcool dans le sang en continu pour être bien. Un litre de
bière à 11° le matin, la même chose le midi et le soir après le
travail réapprovisionnement pour la journée suivante, avant de
rentrer au moins deux ou trois autres bières bues sur le parking de
l'ancien LIDL, les extras pris en cachette à la maison ou quand
Sylvie partait se coucher.
Le 19 avril 2012 semblait une journée
comme les autres, je suis sur le parking et je finis ma deux ou
troisième bière quand je vois la police municipale arriver, ils ne
sont pas là pour moi mais dans un éclair de génie je démarre en
trombe, course poursuite dans Loudéac, vitesse excessive, sens
interdit et vu mes talents de pilote je ne les vois plus dans mon
rétro. Mais bon 1,96 grammes ce jour là, alors un sens interdit,
une voiture sûrement mal garée et STOP !
Pas de blessé que de la tôle Merci…
la Gendarmerie fait son travail, je rentre à la maison. Sylvie est
ravie.
Après c'est très flou, prise
d'alcool, de médicaments, absence de souvenirs pendant 2 jours.
Trois semaines d’hôpital, je ne voulais plus sortir je me sentais
en sécurité. C'est la que je prends la décision de me soigner pour
MOI. Donc trois mois en post-cure à l'Avancée à Saint-Brieuc. Le
parcours en soins est très égoïste, je laisse Sylvie et Albane
seules et je m'occupe de MOI. En même temps je ne m'occupais plus de
grand-chose à la maison.
Je suis abstinent depuis ce mois
d'avril 2012, j'ai changé de travail, ma relation avec Sylvie est
parfaite, elle est faite de complicité de dialogues et
d'engueulades, mais bon il y a du dialogue et de la complicité cela
s'arrange toujours très vite.
Je voudrais remercier ceux qui ont
soutenu Sylvie dans les moments difficiles : Yvette, Monique,
Gilberte, Jocelyne, Marie-claude et Stéphanie.
Moi je remercie Christophe qui a été
la pour moi, sa patience et son courage car je n'était pas un
« client » facile. Mais il faut retenir que même si la
personne malade en face de vous ne vous écoute pas elle vous entend.
J'ai aussi une pensée particulièrement
émue pour Pascal qui est venu me voir 2 ou 3 fois et lui il avait ce
don : quand il vous parlait vous écoutiez ! Et la je ne
faisais pas le malin…
« « « « MERCI
PASCAL » » » »
Et toi Sylvie, je profite de cette
assemblée pour m'excuser de tout ce que je t'ai fait endurer dans
ces moments et mémé si tu m'as quitté pendant quelques mois (je
t'ai récupérer grâce à mon charme naturel) tu as toujours été
là pour moi… JE T'AIME
Sylvie Maudieu a quant à elle commenté et résumé le livre de Anais Dariot Voici le texte:
Nathanaël,
le combat d'une mère pour sortir son fils de l'alcool (Anaïs
DARIOT)
Anaïs Dariot raconte la descente aux
enfer de son fils, devenu alcoolique alors qu'il entrait dans l'age
adulte. Un récit touchant dans lequel la mère de ce fils unique
évoque le désarroi et « l'impuissance face à une addiction
aussi forte que celle à l’héroïne ». Au point d' être
persuadée que son fils allait mourir.
L'alcoolisme une honte absolue.
La première fois qu’Anaïs voit
Nathanaël ivre, il a 19 ans et il lui assure que ce n'est rien, que
c'est exceptionnel, accidentel. « Mon fils c'est le plus beau,
le plus brillant », sourit sa mère. Les choses se sont
dégradées lentement, de manière insidieuse, je ne m'en suis pas
rendue compte : dans ces cas là, il y à une forme de déni,
constate t elle. Ce n'est que quelques années plus tard que
l'alcoolisme de mon fils m'a frappé très soudainement. Ça a été
comme un cancer diagnostiqué à un stade avancé. La maladie l'avait
déjà rongé, avait fait des dégâts. Sauf qu'ici il n'y a pas de
traitement défini, ni de compassion envers l'alcoolique mais
beaucoup de honte, une honte absolue. Il y a un mois j'ai appelé un
numéro de secours, certainement les Alcooliques Anonymes. J'ai vidé
mon sac, craché ma colère sans réfléchir. Une femme très douce
m'a expliqué que mon fils était malade, qu'il ne fallait surtout
pas l'engueuler mais le soigner. A partir de ce jour là, j'ai
changer de discours. Nathanael a compris que je serait à ses cotés.
Ce que j'ignorais, c'est que l'addiction était déjà bien installée
et que le combat allait durer des années. Nathanaël s'est enfoncé
petit à petit dans son addiction. « il avait 24 ans, il était
très alcoolisé et est devenu violent.
« Un jour c'est la police qui a
du le sortir de chez moi » raconte Anaïs.
En tant que parent, on n'est pas
préparé à affronter l'alcoolisme de son enfant, on n'a pas
d'outils, on ne sait pas quoi faire, déplore t elle.
Elle commence à écrire un journal
pour se confier. Écrire devient alors pour elle une soupape
émotionnelle parce qu'elle n'a personne à qui de confier. Elle a
tellement honte, honte de ne pas pouvoir sortir son fils de
l'alcoolisme.
« Anesthésier ses angoisses »
Cette honte de l'alcool est d'ailleurs
familière pour Anaïs Dariot. Le père de son fils est alcoolique,
la grand-mère de son fils est morte d'une cirrhose alcoolique et
dans sa propre famille, elle se souvient de certaines disputes
conclues par quelques verres de whisky.
Elle même trompera d'ailleurs l'ennui
de ses dernières de jeune femme dans la bière et dans les bars. Cet
« héritage familial » lié à l'alcool, elle le cache
soigneusement à Nathanaël mais « dès son plus jeune age, mon
fils a développé une phobie de l'alcool. S'il est tombé dedans, ce
n'était par goût de la fête mais pour noyer et anesthésier les
angoisses qui le paralysaient, et le poids du non-dit a été
d'autant plus lourd pour lui »
a cette époque Nathanaël n'arrive pas
à conserver un emploi, il multiplie les comas éthyliques. « Il
pouvait boire jusqu'à une bouteille et demie de gin ou de whisky en
une seule journée » se souvient Anaïs. De promesses en
mensonges, Nathanaël est devenu prisonnier de son addiction. Sa
mère, elle, est prisonnière de l'état de son fils, entre les
allers et retours à l’hôpital, les fuites, les tentatives de
suicide.
Anaïs tente tant bien que mal de
garder la tête de son fils hors de l'eau, mais chaque rechute les
détruit un peu plus tout les deux. « A la fin, Nathanaël
était au bord de la mort, il avait perdu 10 kilos, c'était un
squelette, l'ombre de lui même, qui ne se nourrissait plus que
d'alcool et de tabac » décrit elle. «C'est la que j'ai
compris que je ne pouvais pas l'aider malgré lui, mon aide
l'enfonçait davantage encore » Mais il a fallu composer avec
l'absence de Nathanaël, qui pouvait disparaître pendant des mois,
laissant croire à Anaïs que son fils était peut être mort.
Composer avec le « désaveu »
de sont entourage, lui reprochant de ne pas s'occuper de son fils.
« ne rien faire, c’est encore
pire que d'agir en vain » pense Anaïs. Là c'était ça passe
ou ça casse, il se relève ou il meurt… se remémore celle qui n'a
pu compter que sur le soutient des Alcooliques Anonymes pour ne pas
sombrer elle même. « Alors la dernière fois que je lui ai
rendu visite je n'ai rien tenté, je n'ai pas parler de tomates ou de
courses ni même d'ouvrir la fenêtre. Je l'ai juste écouter
murmurer…. »
« Tu sais Maman, je vais
mourir…. »
« Je sais mon Chéri, si c'est ce
que tu veux, tu mourras…., je ne peux rien pour toi, je ne peux pas
vouloir pour toi ».
« Redonner espoir »
Son livre, Anaïs veut qu'il serve à
redonner espoir aux parents qui connaissent le même enfer que celui
par le quel elle et son fils sont passés. Car aujourd'hui, après au
moins sept années perdues dans l'alcool, Nathanaël s'est relevé,
il a retrouvé une vie « normale », un travail, il fait
beaucoup de sport, il prend soin de lui décrit fièrement Anaïs.
Comment ? Il s'est sorti de cet
enfer par lui même, en entamant des démarches seul, en faisant la
rencontre d'un bon alcoologue qui a su l'écouter et trouver le bon
traitement. Un traitement qui lui a permis de trouver la voie du
salut. Nathanaël arrive à ne plus boire durant la semaine grâce à
des prises de baclofène à hautes doses. Il ne craint pas de
s'offrir un verre avec ses amis le week-end, il a trouvé un certain
équilibre.
Sans ce médicament, la moindre goutte
d'alcool réenclencherait une rechute systématique et un état
dépressif. Selon un psychiatre, le rapport bénéfique par rapport
aux risques du médicament pris à fortes doses est mille fois
préférable à une rechute dans l'alcool. Mais ceci reste un autre
débat, retenons juste que la route est encore longue pour Nathanaël
mais il a déjà franchi de nombreux caps.
Après la synthèse et la conclusion par Jean-Michel Geffray, une remise de médaille à Valérie Le Bougault pour sa première année d'abstinence . Un diplôme pour ses 25 années fut remis à Robert Prétra. Toutes nos félicitations aux deux lauréats !
Le verre de l'amitié et un excellent repas ont clôturé cette assemblée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire